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En échanges avec la mission de médiation de la CEDEAO : La classe politique sort ses griefs

Les acteurs politiques n’ont pas porté de gans devant la médiation de la CEDEAO. Après avoir soulevé des manquements par rapport aux engagements pris dans le cadre de la Charte et de la Feuille de route de la Transition, certaines forces politiques comme le PARENA craint un échec cuisant de la CEDEAO au Mali, le M5-RFP, quant à lui, exige la dissolution du CNSP.

Lors du sommet extraordinaire d’Accra consacré, le 15 septembre, au Mali, les chefs d’Etat ont décidé que, suite à la rupture institutionnelle survenue le 18 août, la Transition vers le rétablissement de l’ordre constitutionnel devra  durer 18 mois à partir du 15 septembre. Dans quelques jours, quatre mois seront consommés. Pour évaluer les progrès accomplis mais aussi entendre les préoccupations et les inquiétudes que suscite la marche de la Transition, une mission de la CEDEAO conduite par le médiateur l’ancien Président Goodluck E. Johnattan, a rencontré les acteurs politiques à l’Hôtel Salam le lundi 11 janvier 2021.

Selon le PARENA de Tiébilé Dramé, le temps presse et il urge de concentrer la concertation et le consensus sur la révision de la constitution et la mise en place d’une autorité autonome chargée des élections. « La CEDEAO court le risque d’un échec au Mali si à l’issue de la période transitoire en cours, il n’y a ni réformes ni organe indépendant  en charge des élections. Si nous ne tirons pas ensemble les leçons des crises précédentes, de la dernière en particulier, nous aurons choisi de tourner le dos à la stabilité du Mali », a prévenu le parti du bélier blanc.

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Ces réformes, estime le parti, sont parmi les principales résolutions des Assisses nationales de décembre 2019 et « correspondent aux aspirations de toutes les forces vives du pays, de l’écrasante majorité des partis politiques et de la société civile engagée dans le processus électoral ».

« Réviser la constitution par une commission consensuelle, mettre en place un organe indépendant de gestion des élections et respecter la durée de la Transition fixée à Accra sont les gages de la stabilité politique du pays », indique la PARENA.

Du côté du M5-RFP, les partis politiques membres ont par la voix de Choguel Kokala Maïga fait part de leurs observations sur l’évolution de la situation au Mali depuis le début de la Transition.

Synthétisées en quatre points principaux, ces observations qui portent « sur l’engagement partagé d’instaurer au Mali une Transition civile est violée. Car la présidence de la transition, la vice-présidence, la présidence du Conseil National de la Transition (CNT), la majorité de gouverneurs des régions et les véritables leviers du pouvoir sont détenus par des militaires chef de la Junte, ainsi que les postes clés du gouvernement. « Les 4/5 des ministres ont été désignés par la Junte sur la base des seules affinités, le Premier ministre civil est manifestement dans l’impossibilité d’exercer pleinement son autorité de chef d’un gouvernement qui lui a été imposé, tous les membres du CNT ont été nommés par le Vice-président de la Transition en violation flagrante et dans le mépris total des décrets sur la mise en place de l’organe et de la Charte de la Transition, l’essentiel des nominations au sein de l’administration sont faites par les militaires et choisies parmi les proches de la Junte, et la question de la justice pour les victimes de la répression par les Forces Spéciales Antiterroristes (FORSAT) des 10, 11 et 12 juillet 2020 à Bamako, ainsi qu’à Sikasso et Kayes, est toujours restée sans la diligence requise dans son traitement », a dénoncé Choguel Kokala Maïga.

Pour le M5-RF, « des menaces très fortes pèsent sur la tenue d’élections régulières, libres, transparentes et crédibles ». A en croire le responsable du mouvement, les autorités de la transition s’éloignent de plus en plus de la mise en place d’un organe unique et indépendant de gestion des élections qui demeure une exigence quasi-unanime de la classe politique et des acteurs sociaux et un gage de la crédibilité des élections. Car, en lieu et place, le Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation chargé de l’organisation des élections a mis en place une cellule d’appui.

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« Si elle n’est pas contestée dans le principe, elle s’est, de façon inacceptable accaparée de certaines prérogatives de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) et de la Délégation Générale aux Elections (DGE). Tout laisse croire que par ce biais, les autorités de la transition veulent organiser une cession du pouvoir après une parodie d’élection », a-t-il regretté. Avant de menacer : « Un tel dessein ne saurait être accepté ».

Mette fin au CNSP

Le M5-RFP dénonce également un processus non inclusif de révision de la Constitution est en cours. Pour le mouvement, ce processus ne saurait en aucun cas être ni technocratique ni secret mais au contraire ouvert, inclusif et consensuelle.

Le dernier grief porte sur ce que Dr Maïga appelle « l’inacceptable mise en place rampante d’un régime autocratique » comme en témoignent les arrestations extrajudiciaires qui se généralisent et qui sont inacceptables dans un Etat de droit nonobstant la présentation ultérieure des personnes «enlevées» devant les autorités judiciaires.

« C’est la mise en place du CNT qui est l’illustration la plus achevée du mépris affiché pour l’État de droit et l’imposition, par la force et la manipulation, des désidératas de la Junte militaire qui d’ailleurs continue à exister en droit et en fait à Kati », pointe le porte-parole du M5-RFP. Pour y remédier, le M5-RFP exige qu’un acte formel de « dissolution du CNSP doit intervenir sans délai ».

D.C.A

Le Soft

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