Le Mali et le Burkina Faso tentent de redéfinir leur destin au sein d’une entité commune. Les deux Etats, engagés à évoluer au sein d’une même fédération, posent depuis quelques semaines des jalons pour aboutir à un Etat fédéral. Du rêve à la réalité, du chemin reste à parcourir.
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Fédération Mali-Burkina : Mythe ou réalité ?

Le Mali et le Burkina Faso tentent de redéfinir leur destin au sein d’une entité commune. Les deux Etats, engagés à évoluer au sein d’une même fédération, posent depuis quelques semaines des jalons pour aboutir à un Etat fédéral. Du rêve à la réalité, du chemin reste à parcourir.

Sous le joug du terrorisme, des sanctions de la communauté internationale du fait des coups d’Etat, le Mali et le Burkina Faso ont un destin presque commun. S’unir ou périr, les deux pays prennent conscience de la situation et s’en débattent tant bien que mal. Ainsi est née l’idée d’un Etat fédéral.

Les tractations pour aboutir à cet Etat fédéral sont amorcées. Les autorités des deux pays font des allers-retours dans les capitales des deux pays. Après son homologue burkinabè, Me Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambela, à Bamako, c’était le tour du Premier ministre malien, Dr Choguel Kokalla Maïga, à la tête d’une délégation de séjourner à Ouagadougou en fin semaine dernière, pour une visite de travail.

Le Premier ministre Me Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambela a été catégorique, les deux pays ne doivent pas se ‘’laisser distraire’’ par leurs ennemis, les deux pays doivent impérativement poser les jalons du fédéralisme. ‘’ Nous sommes là pour poser les jalons de la fédération Burkina-Mali, … Il y aura des gens pour nous dire que ce n’est pas possible. C’est à nous de savoir quel est notre objectif et d’y aller. Il faut savoir oser, nous sommes engagés pour la fédération’’, a martelé le Chef du Gouvernement burkinabè selon lequel ‘’il n’y a pas de recul possible’’.

Par ce projet, les autorités des deux pays entendent briser la glace et prendre leur place dans l’histoire, car depuis plus de 60 ans que les Etats africains sont indépendants et que l’OUA puis l’Union africaine ont été créées, le constat est malheureusement amer, les pays n’ont « pas avancé d’un iota sur l’unité africaine, car personne n’a eu le courage de poser les problèmes clairement ». « Aujourd’hui, mon homologue Choguel Kokalla Maïga et moi, sous le leadership éclairé des présidents Ibrahim Traoré et Assimi Goïta, sommes d’accord pour réaliser cette vision. Nous devons y aller, sans hésiter. Il nous faut poser les jalons, de telle sorte que le recul devienne impossible », a persisté Me Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambela.

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Même son de cloche du Premier ministre malien, Dr Choguel Kokalla Maïga, ‘’les deux pays doivent être les précurseurs’’ de la fédération Burkina-Mali, même si ‘’ces derniers, en général, sont mal compris, au départ’’.

Certes ‘’la question de la fédération Burkina-Mali peut faire rire certains intellectuels’’ qui n’y croient pas, mais, le Premier Ministre Maïga est formel, les deux pays sont ‘’décidés à aller de l’avant’’. ‘’Nous allons continuer, aucune idée n’a jamais fait l’unanimité. Pour notre union, il y aura des critiques, souvent mal fondées, et on doit les écouter », a-t-il admis.

En homme avisé, le Chef du Gouvernement du Mali a estimé qu’il urge d’interroger l’histoire afin de se soustraire des pièges qui ont fait échouer les pères précurseurs d’un tel projet.  » Pourquoi et comment les pères précurseurs ont échoué dans l’atteinte de cet objectif ? Quels ont été leurs obstacles ? Quelles ont été leurs difficultés ? Qu’est-ce qui manquait à l’époque ?’’, a-t-il interrogé.

Il s’agit là, à en croire Dr Choguel Kokalla Maïga, d’analyser les situations pour éviter les écueils’’ susceptibles de se dresser sur le chemin de la matérialisation de cette ambition que nourrissent les peuples africains depuis longtemps, ‘’en avance sur l’élite dirigeante, politique et militaire, qui doit aller dans le sens du peuple’’.

Le Premier ministre Maïga l’admet, aucune action humaine n’est parfaite, mais les corps intermédiaires, notamment le Gouvernement, la société civile, les syndicats, les intellectuels et les universitaires, doivent jouer leur rôle, celui ‘’d’intégrer les arguments de ceux qui sont sceptiques, pour qu’on puisse présenter, au bout des deux transitions, quelque chose de solide et rendre irréversible le processus d’intégration africaine, en ce qui nous concerne, afin qu’on atteigne un point de non-retour pour que quiconque arrive au pouvoir se dise que les peuples ne sont plus d’accord que nous retournions en arrière’’.

Somme toute, les deux Etats regardent dans la même direction pour la stabilisation des deux pays et le renforcement de l’unité entre les peuples. Tout comme le Président Assimi Goïta et son Premier ministre Choguel, le président burkinabè Ibrahim Traoré et son Premier ministre sont ‘’engagés pour la victoire ou la mort’’. Pour éviter que ce rêve ne soit qu’un mythe, les autorités des deux Etats se doivent de travailler à réaliser cette ambition en embarquant, à force de conviction, d’explication et de détermination, la grande masse des sceptiques.

Cyril Adohoun

L’Observatoire

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