Les auteurs dudit Rapport accusent l’armée malienne de viol des règles du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme pour avoir : violé les règles et principes du droit international humanitaire régissant la conduite des hostilités, procédé à des exécutions sommaires, extra-judiciaires ou arbitraires de civil (plus de 500 personnes), commis des viols et autres formes de violences sexuelles (au moins 58 femmes et jeunes filles).
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Konimba Sidibé sur Rapport des Nations Unies sur les évènements de Moura :  A quel saint se vouer ? 

Les auteurs dudit Rapport accusent l’armée malienne de viol des règles du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme pour avoir : violé les règles et principes du droit international humanitaire régissant la conduite des hostilités, procédé à des exécutions sommaires, extra-judiciaires ou arbitraires de civil (plus de 500 personnes), commis des viols et autres formes de violences sexuelles (au moins 58 femmes et jeunes filles).

Le gouvernement du Mali a dénoncé « avec véhémence, ce rapport biaisé, reposant sur un récit fictif et ne répondant pas aux normes internationales établies » en précisant que les premiers éléments de l’enquête menée par la justice militaire malienne à la demande du gouvernement mettent en évidence l’hypothèse d’un affrontement ayant provoqué des morts par projectiles.

Alors, à quel saint se vouer ? Soutien inconditionnel à nos autorités de transition ou accablement de celles-ci ? Ni l’un, ni l’autre. Mais avant d’aller plus loin dans notre analyse, il importe déjà de rapporter les témoignages de populations de Moura sur la libération de la localité de la répression insoutenable par les djihadistes terroristes et de saluer les forces armées du Mali pour cela.

N’empêche que nous devons garder la tête froide et faire des analyses objectives en toutes circonstances avec comme seule boussole l’intérêt des Maliens, la survie du Mali et sa refondation tout en sachant que les autorités maliennes de transition peuvent faire l’objet de toutes sortes de manœuvres déstabilisatrices fomentées de l’extérieur.

Au cas où des crimes auraient été effectivement commis, si toutes les élites du pays et, notamment, toute la classe politique s’en tenaient à des déclarations de déni pur et simple, sans aller jusqu’au bout de la recherche de la vérité, nos compatriotes victimes auraient le sentiment d’avoir été abandonnés et trahis par toute la nation (sentiment d’abandon grandissant dans de nombreuses localités du centre et du nord du pays à la merci des terroriste jihadistes en raison de l’absence totale de l’Etat, depuis plus de dix ans dans certains cas).

Nous devons l’éviter car il n’y a pas un meilleur moyen de faire exploser l’unité nationale au profit des ennemis du Mali. Un État injuste adossé à l’impunité érigée en règle de gouvernance est le pire ennemi de la nation.

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Nous devons être exigeants avec nous-mêmes et avec nos autorités dans cette recherche de la vérité pour savoir si des manquements graves ont effectivement eu lieu, s’ils ont été délibérément commis car tout le monde sait qu’il n’existe pas de guerre propre et encore moins dans ce genre de guerre asymétrique contre des ennemis invisibles cachés au sein des populations.

Dans la situation actuelle, cela passe par une collaboration étroite entre les autorités de l’État d’une part, et les forces vives de Moura et de la nation toute entière d’autre part, dans un processus ne souffrant d’aucune partialité.

Si des manquements graves et délibérés sont avérés aux termes de ce processus, nous devons exiger justice pour nos compatriotes victimes. C’est, me semble-t-il, le prix à payer pour la réconciliation nationale, l’unité nationale, l’estime de l’État de la part des populations victimes, leur confiance en sa capacité de rendre justice et, par conséquent, leur collaboration avec lui dans la lutte contre les djihadistes terroristes, collaboration sans laquelle il n’y a aucun espoir que nous gagnions cette guerre.

Mais, par ailleurs, nous ne devons jamais perdre de vue dans nos réactions que des enfants du pays mettent chaque jour leur vie en danger, et beaucoup d’entre eux la perdent, pour sauver la nôtre, nous permettre de vivre en citoyen libre, et permettre à nos dirigeants de gérer les affaires publiques en toute souveraineté.

Cela implique que nos réactions ne doivent en aucun moment être ressenties par notre armée dans l’exercice de ce noble combat comme un lâchage source de démoralisation et de démotivation car l’engagement et l’ardeur du soldat au combat sont des facteurs déterminants de victoire dans un conflit armé.

Notre réaction doit s’inscrire plutôt dans une démarche de préservation de l’honneur de notre armée, car une armée sans honneur est une armée sans âme, et une armée sans âme ne peut gagner aucune guerre. Réagir contre des manquements graves contraires aux règles de la guerre participe non seulement à préserver l’honneur de notre armée, mais aussi de la protection de nos troupes contre les mêmes manquements. Le soldat au combat n’a absolument pas intérêt à ce que tout soit permis, impunément, dans une guerre.

Le niveau de notre soutien à notre armée n’est pas dans les déclarations incantatoires à des fins opportunistes ; il est à chercher dans nos comportements de tous les jours, dans nos actions de tous les instants reflétant un engagement patriotique total, un attachement sans faille à notre destin commun de Maliennes et Maliens. Malheureusement, pendant que des soldats meurent au front pour que le Mali reste debout, une frange importante de ses élites travaille à son effondrement à travers un système de gouvernance dont le moteur est le « ta gnini » (reflexe égocentrique de maximisation de sa part sans souci de l’intérêt général).

On crie bruyamment en permanence « souveraineté », « soutien à l’armée et à la transition » tout en posant des actes de démolition de l’intérêt général, de l’intérêt national au profit des intérêts personnels mesquins. Cela n’est rien d’autres que du cynisme, de l’opportunisme et de l’imposture. En sortir est un devoir sacré, un passage obligé pour la survie du Mali. Continuons à travailler à cela avec courage, persévérance et détermination. Encore une fois, « la seule guerre perdue d’avance est celle qu’on refuse de livrer ».

Konimba Sidibé

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