EDITO

La flamme socio-sécuritaire toujours vive

05 Mai – 05 juin 2019, le  premier mois de l’ère Boubou Cissé à la tête du gouvernement  est bouclé. Il ne reste plus que deux mois et des poussières pour les cent premiers jours de la période de grâce accordée généralement à tout dirigeant afin de jeter les bases de ce qui devra  être sa gouvernance dans les mois ou années à venir.  Le constat est que, jusque-là, les signaux avant-coureurs d’un lendemain promoteur ne sont toujours pas perceptibles et cela au regard de l’immensité des défis à relever.

Hormis la visite des structures et quelques coups d’éclats, comme le rappel à l’ordre du Président de la CMA qui refusa d’adopter une posture patriotique lors de l’exécution de l’hymne national, ou encore la réponse cinglante au général français qui a tenu des propos  à la limite du racisme et de la xénophobie, les ministres n’ont  pour l’instant pas posé d’actes probants.  Les nombreux défis à relever tout comme les grands chantiers  du Mali n’ont connu aucun bond qualitatif. Boubou et ses ministres ne devraient pas dormir sur leurs lauriers. Ils doivent comprendre que cette situation d’accalmie n’augure rien de bon dans les jours à venir. Le dialogue politique inclusif clamé urbi et orbi par les hautes autorités et approuvé par l’opposition tarde à prendre véritablement forme. Les rencontres se multiplient entre les responsables en charge de la question, mais sans avancée significative, car ni les termes de référence encore moins les personnalités neutres qui doivent diriger les débats n’ont fait l’objet de consensus. Sachant bien que le temps est loin d’être le meilleur allié du Mali. A cette léthargie dans la conduite du dialogue politique inclusif, s’ajoute la colère sociale.

Cette colère est pour l’instant latente, mais elle finira bientôt par éclater comme une bombe  au grand jour car la principale centrale syndicale des travailleurs, l’UNTM, loin de déposer les armes, les fourbira de nouveau  à la fin du mois de juillet si ses revendications n’ont pas connu un début de satisfaction. Idem pour les syndicats des enseignants signataires du 15 octobre qui n’ont que suspendu leur mot d’ordre de grève. Ils attendent la fin du mois d’août pour constater l’octroi d’une  prime de documentation. Les enseignants, en fonction de l’évolution et du respect des engagements par les autorités, pourraient désarmer et reprendre les cours. Dans le cas contraire, au mois d’octobre 2019, ils reprendront leurs mouvements.

Que disent les commerçants et autres promoteurs privés ? Ils expriment leur colère face à la lenteur dans le traitement de leurs dossiers.  Les bons de trésor sont en souffrance, les taxes et autres impôts insupportables pourraient être source de tension. Aujourd’hui, ils disent  s’enfoncer  un peu plus dans la galère. Souvent en colère, ils affirment : « Ah ! On a rien vu pour le moment et l’argent qui est le nerf de la guerre devient une denrée rare ».

La crise sécuritaire qui est la conséquence immédiate de la crise sociale est loin d’être jugulée. Elle s’exacerbe même au point que le nord du pays échappe au contrôle du pouvoir central. Une partie du Mali qui est entre les mains des Djihado-autonomistes Touaregs en complicité avec la France qui dicte sa loi au Mali. Au centre, on a créé une telle chienlit que tout est sens dessus dessous. Ils ont réussi à opposer des communautés qui ont vécu en parfaite symbiose et en complémentarité pendant des siècles, faisant oublier la gravissime crise du nord. C’est d’ailleurs face à ces multiples et urgents défis que le Gouvernement Boubou Cissé est interpellé pour sauver le bateau Mali du naufrage.

Youssouf Sissoko

Inf@Sept

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