Sécurité

Opération ‘’coup de poing’’ contre l’insécurité à Bamako : Le ministre de la Sécurité se justifie sans convaincre

Il n’est de secret pour personne que la capitale malienne a été le théâtre d’ignobles crimes durant les deux derniers mois. Après son opération coup de poing qui a fait le buzz sur les réseaux sociaux, le général Salif Traoré, ministre de la Sécurité et de la Protection civile, a tenté de se justifier. Ses sorties médiatiques n’ont malheureusement pu convaincre les Bamakois qui craignent non seulement des répercussions, mais qualifient le coup du ministre de bluff.

Alors que la grogne sociale battait son plein, les forces de sécurité, lors de leurs récentes opérations, ont réussi en un temps record à procéder à de nombreuses arrestations, interpellations, et des saisies d’armes et de drogues dans la capitale malienne. Qualifiée par certains médias nationaux « d’opération ping-pong ou tardive », cette sortie des forces de sécurité maliennes montre que le ministre de la Sécurité a encore du chemin à faire pour regagner la confiance de la population. En effet, dans l’intention d’apporter des justifications et de rassurer face aux rumeurs sur les nombreuses interpellations, saisies d’armes et de marchandises illégales, Salif Traoré a tenu à remercier les hommes de médias compte tenu de leur rôle qu’il qualifie de primordial. À en croire le général Traoré, chaque soir 1200 agents sont déployés pour des patrouilles ces derniers jours et qui ont permis l’interpellation de 1500 personnes dont 200 sont toujours en détention, la saisie de 500 véhicules, de faucheurs, et une quantité énormes d’armes et de drogue de tous genres.

Ce bilan ne semble sûrement pas convaincre la population qui en bavait d’un délestage sécurité. Car après les clarifications du ministre, nombreux sont ceux qui semblent ne pas être convaincus. C’est le cas de Yacouba Théra, vendeur ambulant d’accessoires de téléphone au marché de Djicoroni-Para. À l’en croire, les récentes arrestations ne sont que du bluff pour impressionner les gens sur facebook. À ses dires, un jour, à l’auto-gare de Guinée, vers 21 h, les vagabonds l’ont braqué en le soulageant de 40 000 FCFA. Suite à ce drame, il est allé se plaindre à la police, mais rien ne fit. M. Théra d’ajouter que dès que la nuit tombe, les gens se méfient de certains coins de cette gare routière.

Faut-il souligner que le général Salif Traoré, dans son intervention, s’est indigné face à la publication hâtive d’images de suspects sur les réseaux sociaux. À l’en croire, cela reste une atteinte grave au principe de la présomption d’innocence et entrave aux enquêtes. À cet égard, Seydou Diallo, enseignant résidant à Daoudabougou, affirme clairement qu’il s’agit là aussi d’arguments non conformes à la réalité du terrain lors des patrouilles. À en croire ce dernier, cela fait plusieurs jours que des vidéos et photos envahissent les réseaux sociaux au moment des patrouilles. Selon cet habitant de Daoudabougou, le général Salif Traoré semble avoir une obsession pour les réseaux sociaux, notamment facebook. Ce bluff, affirme-t-il, ressemble un peu au médecin après la mort.

D’ores et déjà, certaines personnes ne cachent plus leur méfiance vis-à-vis des pouvoirs publics, notamment les pouvoirs judiciaires. Même s’il est vrai que le ministre de la Sécurité, dans son intervention, a souligné que son département collabore avec celui de la Justice concernant les récentes arrestations et interpellations. A en croire Siaka Diallo, convoyeur à l’auto-gare de Sogoniko, de nos jours, les gens ont même peur de dénoncer les voleurs ou autres vagabonds. Selon lui, tous les commissariats savent où sont les nids de vagabonds, mais ils préfèrent attendre que les gens soient tués ou dépouillés pour qu’ils viennent jouer au héro.

Adama TRAORE

Source: La Preuve

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