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Transfert du G5 Sahel de Sévaré à Bamako: La population  plongée dans le désespoir

La présence du G5 à Sévaré avait donné de l’espoir aux populations de Mopti et du Centre. L’annonce de son départ est vécue comme un coup de semonce et une désillusion.

Le G5 Sahel n’aura ainsi vécu à Sévaré que pendant un an et deux mois. Pendant ce laps de temps, sa présence a été considérée par les populations comme un gage de sécurité, de quiétude et même d’espoir. La région de Mopti et tout le centre voyaient en cette force conjointe, la matérialisation de toute la présence sécuritaire tant enviée de l’Etat à leurs côtés.

En plus du sentiment d’avoir à leurs chevets l’armée de cinq pays de la sous-région en plus des FAma et Barkhane, ces populations qui ont payé un lourd tribut à l’insécurité et qui continuent d’en faire les frais, avaient d’autres raisons de fierté d’avoir le G5.

La région et la quasi-totalité du nord déchiquetées par la crise sécuritaire où le tourisme et d’autres activités lucratives sont moribonds voire quasi-inexistante, avaient commencé à espérer un avenir radieux. Selon des Mopticiens, bien que le G5 n’ait pas entamé d’actions anti-terroristes concrètes sur le terrain, le séjour des troupes étrangères était perçu comme une source d’espoir. Aussi, il fait indéniablement des retombées économiques et des débouchés. Les propriétaires d’hôtels, de restaurant, d’espaces de loisirs, de boutiques et des vendeurs d’objets culturels, entre autres se frottent déjà les mains. Des particuliers qui mettent leur maison en bail pour des séjours de courts ou longs termes, ne déchantent pas non plus.

Depuis le vendredi 28 septembre dernier, jour de la confirmation de cette information qui circulait encore sous les manteaux, c’est le comble du désespoir non seulement à Mopti ville, mais aussi au niveau des ressortissants de la Venise malienne de Bamako et de la Diaspora. La délocalisation du QG du G5 à Bamako est vue comme une conspiration contre Mopti et le Centre frappés de plein fouet par le terrorisme. Si certains parlent de délocalisation du terrorisme à Bamako (en référence à l’attaque terroriste du 29  juillet dernier contre le siège du G5 Sahel à Sévaré), c’est tout le contraire pour les ressortissants de Mopti. Ceux-ci crient au scandale et au laissé pour compte dont est victime leur région.

D’un point de vue pratique, la majorité des Mopticiens comprennent difficilement le déménagement du G5. Leur logique est qu’il serait plus facile et moins couteux de lutter contre les actes terroristes dans une zone connue comme à hauts risques sécuritaires que de se déplacer chaque fois à plus de 600 KM.

Selon toute vraisemblance, le déménagement du G5 a été dicté par Nouakchott à Bamako. La décision a été prise à l’investiture du président IBK, aux festivités du 22 septembre 2018 grâce à une doléance faite par le président mauritanien Ould Abdel Aziz, à son homologue malien, a-t-on appris. La Mauritanie qui est aux commandes de l’Etat-major général du G5 après l’éviction du Malien, le général Didier Dako, suite à l’attaque du 29 juillet dernier est donc à l’origine de cette décision controversée.

Le commandant du G5, le général mauritanien Hanena Ould Sidi, aurait demandé à son président d’intercéder auprès d’IBK pour l’installation de son QG à Bamako. Il ne se voit pas bien à Sévaré où certaines commodités de la vie font défaut.

Le G5 Sahel regroupant le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad, est pourtant le bébé d’IBK. Celui-ci, à travers un  ballet diplomatique auprès de ses pairs et sur le plan international, est parvenu à faire germer l’idée de cet ensemble sous-régional contre le terrorisme. Même s’il en est encore à ses balbutiements faute de budget dans la cagnotte, il va sans dire qu’il suscite bien d’espoir auprès des populations du centre en général.

Oumar KONATE

Source: La Preuve

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